Robert Badinter dénonce le “permis de tuer” de Moscou et Pékin

Robert Badinter dénonce le “permis de tuer” de Moscou et Pékin en Syrie

Le Monde.fr avec AFP

L'ancien garde des sceaux (1981-1986) et ancien président du Conseil constitutionnel (1986-1995), Robert Badinter, en février 2007.

L’ancien garde des sceaux (1981-1986) et ancien président du Conseil constitutionnel (1986-1995), Robert Badinter, en février 2007.AFP/ERIC PIERMONT

La Russie et la Chine, en s’opposant à “une action internationale salvatrice”, donnent en fait “un permis de tuer” au président syrien Bachar Al-Assad, a estimé, mardi 13 mars, l’ancien ministre de la justice Robert Badinter, qualifiant la répression de “crime contre l’humanité”.

“Depuis un an, ce qui se passe en Syrie, c’est tout simplement la commission sous nos yeux de crimes contre l’humanité. Le président de l’Assemblée générale des Nations unies s’est exprimé solennellement en demandant l’arrêt des massacres, rien n’y fait”, a déploré l’ancien garde des sceaux sur Europe 1. “Deux grandes puissances, la Russie, la Chine, au nom du respect de la souveraineté, interdisent l’action internationale salvatrice, s’opposent à l’action nécessaire”, a-t-il regretté. “C’est tout simplement la délivrance d’un permis de tuer à Al-Assad”, a ajouté M. Badinter, peu avant le premier anniversaire de la révolte en Syrie le 15 mars.

“IL FAUT QU’UNE PROTESTATION IMMENSE S’ÉLÈVE”

Les violences en Syrie ont fait plus de 8 500 morts depuis le début d’une révolte populaire réprimée dans le sang par Damas, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).  “Il faut que cela cesse, au moins qu’une protestation immense s’élève de toute part. Quand des millions de voix s’élèvent à travers le monde et dénoncent des crimes contre l’humanité, les auteurs de ces crimes pensent à eux-mêmes et à leur avenir”, a conclu M. Badinter.

L’ancien ministre socialiste français est l’un des signataires du texte intitulé “Tous unis pour la Syrie, arrêtons un an de massacre”, publié mardi dans Le Figaro. Il s’associe à une cinquantaine de personnalités internationales pour exhorter le Conseil de sécurité de l’ONU à trouver une solution à la tragédie syrienne. L’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan, a appelé lundi à “arrêter maintenant” les tueries de civils en Syrie, après des entretiens dimanche à Damas avec Bachar Al-Assad.

Les rebelles armés doivent cesser les combats en même temps que les forces du régime, a déclaré pour sa part mardi Sergueï Lavrov, le ministre des affaires étrangères russe. “Cela doit être simultané. Il ne saurait y avoir une situation dans laquelle on exige du gouvernement qu’il se retire des villes et que cela ne soit pas exigé des groupes armés”, a-t-il dit. “Un retrait unilatéral des forces gouvernementales est absolument irréaliste”, a-t-il ajouté. Lors d’une réunion au Conseil de sécurité des Nations unies lundi, Sergueï Lavrov s’est opposé à ses homologues américain et européens, qui refusent de mettre sur le même plan les violences commises par le régime et la rébellion.